La marche aux flambeaux des identitaires perturbée par des militants antifascistes

Publié le par Action Antifasciste Paris

Hier, troublée par des militants antifascistes, la 7ème édition de la marche aux flambeaux, organisée par l’association d’extrême droite Paris Fierté, ne doit sa tenue qu'aux nombreuses interpellations policières.

A 17 h dimanche, sur le parvis de Notre-Dame, une petite centaine de militants d'extrême gauche entourés de CRS chantent en chœur : "Paris c’est nouuus, Paris c’est nouuus". Nombre de touristes médusés s’approchent et posent des questions pour tenter de comprendre la scène.

Ces contre-manifestants se disent antifascistes et sont venus empêcher la marche organisée par l’association Paris Fierté proche du Bloc Identitaire, parti politique d’extrême droite qui s'est notamment fait connaître pour ses apéros saucisson pinard. Une fusée part en l’air, un pétard explose.

A 50 mètre de là, sur le Pont au Double, avec son coupe-vent jaune floqué "organisation" dans le dos, l’un des membres de Paris fierté apostrophe un policier.

"Nous, on dispose d'une autorisation préfectorale pour défiler, vous n’avez qu’à arrêter ceux d’en face." Le civil : "Certes, mais pour arrêter quatre-vingts perturbateurs, il faut des moyens… "

Une demi-heure plus tard, c’est chose faîte. Un bus de la police embarque un à un les "perturbateurs". Un autonome assure aux Inrocks qu’ils ont ensuite été relâchés vers 21h.

 

Avec 45 minutes de retard, les flambeaux s’allument. La 7ème édition de la marche en l’honneur de Sainte-Geneviève, sainte patronne de Paris (et des gendarmes), se lance en direction de Saint-Etienne-du-Mont au son litanique de "Paris et patrie ! Paris et patrie !". Quelques cantiques sont ensuite entamées par les participants (300 selon la police sur place, 400 selon les organisateurs), formant la drôle de procession.

Haut-parleur à la main, Simon, président de Paris Fierté, assure que "c’est la première fois qu’on voit de telles perturbations." Rencontré un jour auparavant par les Inrocks, ce responsable de gestion de 28 ans reconnaissait que "ce qui irrite en général dans cette marche, activité phare de l’année pour notre association, c’est le côté identitaire".

 

"Nous revendiquons une identité parisienne unique. Nous n’acceptons pas la propagande de la Mairie de Paris qui dit : "Paris 150 ans d’immigration". "

L’association ne veut pas être être confondue avec le Front National ou d’autres mouvements de "l’extrême droite rance", dixit Arnaud, l’un de ses membres actifs. Paris Fierté se rattache politiquement au Bloc identitaire, parti politique depuis 2009, que le politologue Jean-Yves Camus situe "quelque part entre Philippe de Villiers et Jean-Marie Le Pen". Le chercheur précise qu’il y a justement un débat pour savoir "si Paris Fierté est une tendance ou une émanation directe du Bloc".

Un membre de la revue antifasciste REFLEXes assure quant à lui que cette confusion relève d'une stratégie du Bloc identitaire.

"Le Bloc dispose d'associations fantômes ou en sommeil qui se disent indépendantes les unes des autres. Premièrement pour toucher des publics différents comme les catholiques traditionalistes dans le cas de la marche de Sainte-Geneviève. Mais aussi, en cas de problème sur une action, afin d'éviter au Bloc d'être juridiquement responsable."

Quoi qu'il en soit, la rhétorique de Paris Fierté est identique à celle du Bloc identitaire. Jamais de McDo, de kebabs ou de Starbucks –"symbole de la mondialisation"– dans l’assiette ou le verre de Simon et d’Arnaud, à une exception près tout de même pour "le chinois". Les deux compères se veulent "locavores", sous entendu adeptes de la promotion des produits locaux parisiens et franciliens : l'asperge d'Argenteuil, les murs à pêches de Montreuil ou encore le Noyau (une liqueur) de Poissy.

Ils se définissent à la fois comme écologistes, pour une Europe fédérale, anticolonialistes et anti-impérialistes… Je les arrête pour leur demander s’ils ne sont pas finalement un peu de gauche ?

"La notion de droite/gauche est née récemment, elle peut donc aussi disparaître. Mais une précision : nous ne sommes pas "alter" mondialistes mais "anti" mondialistes. Nous voulons la fermeture des frontières et nous sommes contre l'islamisation de l'Europe."

La manifestation tourne à droite dans la rue de la Montagne Sainte-Geneviève, dernière courbe montante avant d’arriver au Panthéon. Un "fachos !", lancé par un passant, échauffe un peu les esprits. Une fusée part en l’air et s’accroche à un balcon, puis la tension retombe.

 

L’événement s’est achevé vers 19h30 par un discours de Simon sur le parvis de l’église Saint-Etienne-du-Mont, et par une distribution de vin chaud.

Source : Inrockuptibles
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