Le racisme décomplexé des politiques français.

Publié le par Action Antifasciste Paris

 

Alors qu’approchent les élections régionales et que vient à peine de se clore le débat sur l’identité nationale, déclarations coup de poing et dérapages plus ou moins contrôlés des politiques français s’enchainent. Entre un racisme de plus en plus décomplexé et la crainte pour l’UMP de voir remonter le Front National, le grand manège de la surenchère raciste s’emballe. Petit point sur le « racisme 2.0 » des politicards français.

 

Les sorties racistes ne sont pas nouvelles de la part des hommes politiques français, souvenons nous du « bruit et de l’odeur » de Jacques Chirac qui en 1991, alors que le FN montait en puissance, passait un message clair aux électeurs de droite. Quasiment vingt ans plus tard, ce genre de déclarations est monnaie courante de la part des politiques de droite mais également d’autres prétendument de gauche.

 

Racisme 2.0

 


Samedi 5 Septembre, à l’occasion de l’université d’été de l’UMP à Seignosse dans les Landes, Brice Hortefeux allume la mèche.
  Lors d’une séance photo, des militants UMP locaux présentent au ministre de l’intérieur un jeune d’origine maghrébine : « Amine, ça c'est l'intégration ! » lance un participant, «Il est catholique, il mange du cochon et il boit de la bière, c'est notre petit Arabe » renchérit un autre dans un élan de poésie. Hortefeux, apparemment décontracté, ne se méfie pas de la caméra qui le suit et se lâche : "Ah mais ça ne va pas du tout, alors, il ne correspond pas du tout au prototype, il en faut toujours un. Quand il y en a un, ça va. C'est quand il y en a beaucoup qu'il y a des problèmes. Allez, bon courage…". La vidéo, à priori accablante, diffusée dans la foulée sur le site du Monde ne suffit pas. Le ministre de l’intérieur se défend en prétextant une discussion autour des Auvergnats et non du jeune militant UMP. On hésite entre le rire et les larmes. En plus d’offrir un pathétique spectacle des militants UMP se disputant avec ferveur la palme du racisme de comptoir, Hortefeux inaugure en fanfare la longue série de sorties racistes de cette seconde partie d’année 2009.

Reste que l’affaire passe mal. En effet, moins d’un mois avant l’évènement de Seignosse, Brice, l’antiraciste qui blaguait sur les Auvergnats, suspendait
Paul Girot de Langlade, préfet de la République pour injures publiques à caractère racial » (l’affaire opposait le préfet à des agents aéroportuaires à qui il aurait déclaré lors d’un contrôle : «On est où là? On se croirait en Afrique, de toutes façons, il n'y a que des Noirs ici». Manœuvre habile d’un Brice Hortefeux, ancien ministre de l’immigration en quête de respectabilité. Paul Girot de Langlade, mis à la retraite d’office, appréciera la pirouette auvergnate d’Hortefeux !



«On va se faire bouffer ! »

 


Décembre 2009, le débat sur l’identité nationale du ministre de l’immigration Eric Besson est lancé. Serrage de fesses des cadres de l’UMP qui redoutent ce qu’on appelle communément « des dérapages ». Ils ne seront pas déçus.

 
Le 1er Décembre, en marge d’un débat sur l’identité nationale organisé à Verdun dans la Meuse, le maire UMP de Gussainville, André Valentin signe une sortie qui relègue Le Pen sur le banc des remplaçants du racisme. "Il est temps qu'on réagisse parce qu'on va se faire bouffer" déclare l’élu UMP avant d’enchainer, "Il y en a déjà dix millions, dix millions que l'on paye à rien foutre" faisant référence aux immigrés. Le Karcher de Sarkozy passerait presque pour du progressisme. France 2 relaye les déclarations de l’élu, nouvelle tempête dans un verre d’eau, sorties théâtrales des cadres de l’UMP et l’affaire est enterrée aussi vite qu’elle est apparue (André Valentin, maire UMP de Gussainville est naturellement toujours en place).

 
Le 14 Décembre, quinze jours après le dérapage incontrôlé d’André Valentin,  c’est la secrétaire d’Etat UMP Nadine Morano qui y va de son couplet. Répondant à un participant qui l’interrogeait sur la compatibilité entre l’Islam et la République, Morano déclare : « Moi, ce que je veux du jeune musulman, quand il est français, c'est qu'il aime son pays, c'est qu'il trouve un travail, c'est qu'il ne parle pas le verlan, qu'il ne mette pas sa casquette à l'envers ». Sympathique message destiné aux musulmans chômeurs parlant verlan une casquette sur la tête. Sacré Nadine, on ne se refuse plus rien à l’UMP !


15 Janvier 2010, Marseille. Un mois après le coup des « musulmans à casquette » c’est au tour du maire UMP de Marseille, Jean Claude Gaudin, de perpétuer la tradition UMP en déclarant lors d’un débat sur l’identité nationale (encore !) :
« 
Nous nous réjouissons que les musulmans soient heureux du match, sauf que quand après ils déferlent à 15. 000 ou à 20.000 sur la Canebière, il n'y a que le drapeau algérien et il n'y a pas le drapeau français, cela ne nous plaît pas » (Gaudin fait alors référence au match remporté par l’Algérie face à l’Egypte à l’occasion des éliminatoires de la Coupe du monde de football). Le manège se répète, SOS Racisme et le MRAP montent au créneau, le PS s’insurge et des militants et élus UMP se disent « choqués ». Beau coup de pub pour Gaudin qui à l’approche des élections régionales aura fait à cette occasion, un bel appel du pied aux électeurs du Front National.


Nous pourrions également parler de Francis Delattre (UMP) comparant Ali Soumaré d’origine malienne et tête de liste PS dans le Val d’Oise aux régionales à un « joueur réserve de l ‘équipe du PSG », de Christian Estrosi (UMP) relayant l’ex FN et actuel MPF Jacques Bompard dans sa volonté d’interdire les étendards étrangers à l’occasion des cérémonies officielles et bien d’autres encore mais nous nous arrêterons là aujourd’hui concernant la droite.

 

 
Plus de blancos pour Manuel Valls

 


Quid du Parti Socialiste? Si à chaque sortie de piste de l’UMP le PS ne manque pas de s’insurger afin de tenter de ne pas couler totalement face au raz de marée médiatique sarkozyste, il oublie au passage de balayer devant sa propre porte.

 On se souvient notamment des déclarations de Manuel Valls, maire socialiste d’Evry qui à l’occasion d’un reportage télévisé dans sa ville suggère d’ajouter « quelques blancs, quelques white, quelques blancos » car cela ne donne pas une « belle image de la ville d’Evry ». Interrogé sur Direct 8, l’élu ne se démonte pas et invoque sa « volonté  de diversité sociale et la fin de la ghettoïsation ». Au PS, on enterre l’affaire du mieux que l’on peut, circulez il n’y a rien à voir.

Plus récemment, c’est Georges Frêche, vieil habitué des emphases plus que borderline et président du conseil régional Languedoc Roussillon qui enfonce le clou pour le PS en déclarant à propos de son collègue socialiste Laurent Fabius :
« Si j’étais en Haute-Normandie, je ne sais pas si je voterais Fabius. Je m’interrogerais. Ce mec me pose problème. Il a une tronche pas catholique ». Certes Frêche n’en est pas à son coup d’essai loin s’en faut, mais il signe là l’une de ses déclarations les plus fracassantes. Ce n’est pas au vieux singe qu’on apprend à faire la grimace, en effet Frêche a visiblement en tête le poids important du vote d’extrême droite dans la région.

Même si les sorties racistes des élus ne sont pas une nouveauté, la répétition de ces dernières semble se banaliser aujourd’hui. Racisme ambiant ou volonté d’entériner le décalage à droite du paysage politique français, toujours est-il que des déclarations qui auraient suscité polémiques et scandales jadis, sont habilement étouffées aujourd’hui… une fois le message passé.

 

 

 

 

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